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mercredi 4 juillet 2018

De retour de Rennes



Accueil à l’université de Rennes 1 sous un grand soleil. Plaisir de retrouver plusieurs membres de l’association. Ouverture de la journée dans un amphithéâtre à l’ambiance feutrée, c’était le matin.
  •  La journée commence avec la présentation en anglais (traduite à la volée) de Ludwig Huber, un éthologue viennois (Autriche) venu pour les journées de la SFECA qui avaient lieu les jours précédents. Ludwig nous introduit très pédagogiquement la “théorie de l’esprit” et les questions que se posent les éthologues sur ce que peuvent comprendre et percevoir les animaux : Je sais que tu sais que je sais où tu as caché tes noix
  • La deuxième présentation est faite par Milena Trösch, doctorante de Léa Lansade. Milena nous présente les résultats des travaux de recherche menés sur la cognition chez le cheval et les compare à ceux obtenus par d’autres espèces aux mêmes tests. La présentation est très claire mais on peut regretter un point de vue un peu vieillot dans la manière de se demander systématiquement si le cheval est intelligent, dans l’absolu. Les travaux de Vincianne Despret en particulier montre l’inanité de ce genre de question : un animal est intelligent s’il est adapté à sa niche écologique, pourquoi toujours vouloir les comparer dans un classement qui mettrait toujours l’humain au sommet? 
  • Après une pause, Séverine Henry et Martine Hausberger nous présentent une synthèse de leurs travaux qui montrent qu’un cheval heureux est un cheval plus performant aux tests cognitifs. Si la présentation est claire et intéressante, on peut regretter le choix des expressions utilisées opposant systématiquement “les chevaux de centres équestres”= chevaux dans le mal-être aux “chevaux de loisir”=chevaux heureux. Il serait surement facilement possible de mener une étude avec des chevaux de centre équestre hébergés en groupe en plein air afin d’éviter la caricature. 
  • Enfin Odile Petit nous présente les travaux menés avec sa doctorante Mathilde Valenchon sur le leadership chez le cheval. Elles ont étudié les caractéristiques personnelles des chevaux qui font qu’ils vont être plus ou moins suivi par d’autres chevaux lorsqu’ils initient un déplacement. La conclusion me semble être qu’il est difficile de construire une expérience qui permette de hiérarchiser le leadership entre différents chevaux. Cette question qui a beaucoup de sens d’un point de vue comparatiste (pour comparer aux singes, aux autres animaux, et donc en particulier aux humains) n’a donc peut être pas beaucoup de sens dans une société de chevaux… 
 Après cette matinée très intéressante et surtout très accessible est venu le temps de la pause. Un buffet sympathique qui a permis rencontres et échanges.
Au tableau ;-)
Lors d’une session spéciale recherche participative (ne mélangeons pas tout ^^), j’étais la seule pour présenter les résultats de notre association concernant les déplacements des chevaux hébergés en extérieur. Présentation qui s’est plutôt bien passée même si nous n’avons pas trop eu de réactions… 

Ensuite table ronde "ode au DU éthologie équine de Rennes". Les intervenantes étaient d’anciennes élèves du DU qui ont expliqué à quel point cette expérience unique avait changé leur vie, qu’elles avaient perdu des amis mais que c’était pour découvrir un monde nouveau tellement supérieur au vieux monde. Mieux problématisée cette table ronde aurait pu être très intéressante. On aurait pu par exemple centrer sur la mise en pratique des connaissances éthologiques, les difficultés que cela pose, et les moyens mis en oeuvre. Il y avait des choses factuelles intéressantes dans chaque présentation, mais l’entre soi et le mépris de celles et ceux qui n’ont pas suivi cette piste était très pénible, et même rebutant. La discussion avec la salle a rapidement mal tourné, les éthologues scientifiques et les bien-pensant de la non utilisation du cheval contre le reste du monde. Entendre demander à un professionnel du débourrage : “vous avez déjà débourré un cheval vous?” parce qu’il n’a pas en tête le même sens du mot pression que la chercheuse est vraiment atterrant. 

Donc au final une impression très mitigée de cette journée. La matinée était vraiment intéressante. L’après-midi m’a forcé à écouter une partie extrémiste de la population cavalière qui change certes des extrémistes de l’autre bord qui n’écoute pas les chevaux. Décidément, il est temps de théoriser une troisième voie. Vanina, Hélène et les autres : on a besoin de vous!

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