Aujourd’hui, j’ai eu la
chance d’assister au clinic de Luca Moneta au haras de la Cense. Un italien
très (trop ?) italien qui a appris à Michel Robert les bases de
l’équitation éthologique, et à qui Michel Robert a appris les bases de la
biomécanique et de l’équitation de haut niveau.
D’ailleurs Luca ressemble physiquement à Michel, ou alors c’est l’inverse!
D’ailleurs Luca ressemble physiquement à Michel, ou alors c’est l’inverse!
Le premier jour : dans le rond de longe
Dans le rond de longe Luca demande aux cavaliers d’oublier
ce qu’ils savent : pour cet exercice il ne veut pas voir d’équitation
éthologique avec des codes que l’on enseigne au cheval, il veut du
« parler cheval ». Il demande au cavalier de dire « tu bouges de
là !» en utilisant ses déplacements, puis en bougeant vite et en surprenant
le cheval si besoin. Le premier objectif c’est d’apprendre au cheval à réagir
aussi vite et aussi fort avec nous qu’il le ferait avec un autre cheval au pré.
Et ensuite, quand le cheval répond vite, de rechercher de la décontraction.
D’abord un peu plus lent, et ensuite plus rapide.
Ce travail m’a beaucoup fait penser à celui de Frédéric
Pignon. Mais aujourd’hui je suis davantage gênée de voir des chevaux rester
assez longtemps dans le rouge émotionnellement. Luca Moneta dit qu’on peut
évidemment y arriver autrement, façon de dire qu’il ne vend pas de méthode, que
lui fait comme ça, et que ça marche pour lui. Tout le monde n’est pas Luca mais
l’objectif du cheval qui est réactif et décontracté, dans une attitude active
et vers le bas fait le consensus.
Ensuite pour les chevaux qui ont compris le premier
exercice, un peu de travail à l’obstacle. Luca Moneta travaille d’ailleurs tous
ses chevaux à l’obstacle en liberté sur des hauteurs et des difficultés
semblables à celles rencontrées en concours. Pour lui le cheval doit savoir
faire seul, le cavalier a ensuite comme rôle de gêner le moins possible. La
procédure est la même pour une barre au sol, un bidet ou une barre à 80 cm. Le
cheval a le droit de ne pas sauter : c’est une chance pour le cavalier de lui apprendre à avoir envie de
sauter. Donc si le cheval pile ou dérobe, on lui fait faire demi-tour, et on le
renvoie vers l’embûche. On ne coince pas le cheval pour qu’il passe : il a
la possibilité de ne pas passer. S’il ne passe pas, ça n’est pas grave :
demi-tour et on revient, dans le calme, et on attend, on laisse faire, on
laisse choisir, on donne la confiance, une
chance d’apprendre. J’ai été impressionnée de la grande confiance que Luca
Moneta donne au cheval. Il lui laisse vraiment la possibilité de ne pas faire,
beaucoup plus que ce que j’avais appris de la méthode La Cense.
Certains cavaliers montent ensuite en selle avec interdiction de toucher aux rênes : c’est Luca Moneta qui mène depuis le sol : on comprend alors bien l’objectif du premier exercice. L’italien fait travailler l’équilibre des cavaliers : en avant, les mains entre le garrot et les oreilles en appui sur l’encolure, et la jambe mobile. La jambe avance si le cavalier est déséquilibré en avant, recule si le cavalier est déséquilibré en arrière. Les cavaliers s’équilibrent, leurs chevaux aussi : très éloquent.
Le deuxième jour, ça saute.
Ce que je retiens avant tout c’est que c’est normal que le
cheval s’arrête à l’obstacle quand il apprend : c’est une chance, c’est parfait, c’est une occasion
d’apprendre : il faut sourire ! Et ça n’empêche pas les chevaux de
tourner ensuite sur 160 sans s’arrêter. Bien bien !
Pour commencer, Luca Moneta monte à cheval pour nous montrer
les bases du travail à cheval : d’abord un cheval qui répond à la rêne
d’ouverture pour faire demi-tour face à la barrière. Si le cheval ne répond
pas, le cavalier ne tire pas : il s’aide en poussant avec le stick vers la
tête. Puis il ajoute la jambe isolée, et il demande un peu plus fort pour avoir
un peu de marche arrière. Il panache le travail avec des départs forts au
galop, en conservant un équilibre très en avant pour ne jamais gêner le cheval.
Si le cheval ne répond pas, il vient pousser avec la badine : ne jamais
tirer, ne jamais s’opposer au mouvement. On verra avec le deuxième groupe un
travail sur l’incurvation et l’élargissement du cercle à la d’Orgeix pour
amener le cheval à s’étendre. Et avec le troisième groupe un travail sur le
tout petit galop : le cheval est autonome, il le laisse aller à la faute.
Quand il rompt le galop pour le trot, Luca redemande gentiment le galop, et il
attend. Jusqu’à ce que le cheval se porte et s’arrondisse dans un joli galop
léger et très cadencé, avec le dos en place.
Puis c’est le moment de faire sauter les élèves Le rôle du
cavalier : la direction, la vitesse, monter le galop. Le rôle du
cheval : être attentif et sauter. Sur des barres au sol les chevaux
doivent galoper, ils ne doivent pas sauter les barres au sol. Il faut venir
doucement, et si le cavalier craint de manquer de contrôle, il arrête le cheval
le nez dans la barrière, sans tirer. On sourit et on repart. Ensuite ce sont
directement de vrais obstacles à 80 cm. Si le cheval pile : demi-tour, la
chance : on redemande de l’activité loin de l’obstacle et on revient vers
l’obstacle en laissant faire. Si le cheval dérobe, ce n’est pas bien. Demi-tour
vers l’obstacle. Si la réaction devient une défense, le cheval qui dérobe a
l’option de faire 4 ou 5 spin avant de réessayer (nous n’avons pas vu cette
situation en pratique). Et si le cheval s’accule loin des barres ? La
priorité c’est le mouvement en avant. Rêne d’ouverture, demi-tour et en avant,
fort. Demi-tour de nouveau, et en avant fort. Et encore une fois. Et le
cavalier part sur l’obstacle en laissant sa chance au cheval. La confiance se
gagne en se donnant.
Trois leçons
- · Une leçon de travail du cheval : sourire, rien n’est grave le cheval est là pour apprendre, il a le droit de se tromper, c’est une chance de lui apprendre la bonne réponse !
- Une leçon d’équitation : on ne monte pas en arrière comme à la guerre, on monte en avant, avec son cheval.
- Une leçon de pédagogie : il n’y a pas de vérité, ton seul moniteur c’est ton cheval. Si on te recommande quelque chose : essaie et tu verras bien ce que ton cheval te dit !
Empowerment
Ce qui est le plus impressionnant, c’est qu’à la sortie du
stage, chacun.e se sent capable. Les erreurs sont dédramatisées, les
cavalier.e.s motivé.e.s à bloc…
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Merci Luca Moneta pour cette générosité !
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