Colloque sur la motivation à la Cense

Ce vendredi se déroulait à la Cense, en préambule des rdv étho, un colloque sur la motivation du cheval organisé par Hélène Roche. 

Le principe et le thème étaient très séduisant, bien en lien avec les questions que nous nous posions à la fin du dernier stage de clicker training avec HR, et donc j'y suis allée! Je ne suis pas restée les jours suivants car j'avais une Néli à soigner.

Le colloque se déroulait dans le grand manège, les invités sur une estrade, bien visibles dans leurs fauteuils, c'était bien sonorisé, l'écran était peut être un poil trop petit quand les invités présentaient des ppt trop chargés. Par contre on s'est caillé les miches! L'organisatrice était donc Hélène Roche qui avait en partie choisi les invités et leurs sujets (choix très pertinents sur le papier), ce à quoi les invités ont plus ou moins bien répondu. Le chairman était Christophe Hercy de Cheval Pratique, avec la voix de Christophe de Baulieu dans coute que coute, extrêmement soucieux du professionnalisme de ces journées! 

Pour commencer, petit commentaire talk par talk : 

Intro par Hélène Roche : Sa présentation reposait sur la définition de la motivation d'un point de vue scientifique, c'était comme d'habitude très clair et très pédagogique, avec un joli ppt bien illustré avec Pauline B entre autres. Bons rappels, et puis une partie sur le conflit de motivation que j'ai trouvée très intéressante. 

Anette Rancurel et le saddle fitting : Là, clairement le talk était très amateuriste. C'était mal préparé, surement pas répété, et donc on a eu des tartines d'introduction, et quasiment aucun exemple concret, car après l'introduction, 15' étaient passées, et si ce qu'on a pu survolé dans la présentation ppt avait l'air passionnant, et bien on n'a pas pu en entendre parler. Donc pour moi, on n'a pas dépassé le stade de ce que je savais déjà alors que Annette avait des tas de choses passionnantes à raconter, c'est dommage.

Dr Patrick le Collinet et une présentation sur la douleur : Là encore, un talk mal préparé où l'orateur passe trois plombes en introduction à nous lire ses diapos sur des définitions. Et encore une fois, quand on arrive enfin au concret, aux cas pratiques qui ont l'air très intéressant, c'est râpé, ça fait déjà 25' qu'il parle alors qu'il aurait du en faire 15. 

Réponse aux questions : Là, les orateurs sont amenés à discuter des cas précis, et du coup c'est génial. 

• Quand  faire voir son cheval au dentiste? Pas de réponse générale, mais une bonne moyenne serait : 
• Une fois avant le débourrage
• Tous les ans jusqu'à 8 ans
• Tous les 2 ans ensuite
• Mais  chaque fois qu'on nous conseille de changer de mors
• Problème avec les couteaux d'étrivière? 
• Sur les arçons français les couteaux d'étrivières sont souvent fixés sous l'arçon et donc augmentent fortement la pression sur le dos du cheval. AR précise aussi que dans ces conditions ils  sont rarement parallèles au dos du cheval
• Trot enlevé vs trot assis 
• AR commence par expliquer la différence entre notre poids et la force que l'on exerce sur le dos de son cheval. Bon, là clairement c'est très intéressant, mais très difficile pour un non physicien, et la réponse manquait de pédagogie. Parler d'intégrale en donnant la formule n'aide jamais une personne normale à comprendre le sujet! Il faudrait intégrer cette explication en faisant un effort de transposition didactique dans les livres sur les galops. 
• AR explique que les selles qui penchent en arrière (mal équilibrées) comme la plupart des close contact empirent les difficultés des cavaliers moyens à trotter enlevé (ils se laissent tomber au lieu de contrôler leur descente dans la selle.

Mathilde Valenchon, thésarde de Léa Lansade : Là, on a eu un talk très bien préparé, passionnant, bien présenté, et qui donne vraiment envie d'aller plus loin, ce qui est possible grâce à la bibliographie.  Les travaux de Léa Lansade l'ont amené à modéliser les différentes personnalités des chevaux autour de 5 aspects : Peur, grégarité, sensibilité sensorielle, réactivité à l'Homme, envie locomotrice. Même si la catégorisation des personnalités fait encore débat en psychologie humaine, c'est une bonne base de travail qui m'a paru très pertinente. Le travail de Mathilde a consisté en l'étude des relations entre apprentissage et personnalité. Le sujet était passionnant, mais je préfèrerais lire sa thèse et ses articles avant de faire un résumé sur le sujet. En tous cas c'était l'une des présentations les plus intéressantes de la journée. 

Andy Booth et la rééducation des chevaux à problèmes : Comme on l'a déjà plusieurs fois souligné sur le net, le bonhomme est très cow-boy, mais du coup bon orateur. Il a fait l'effort de présenter des cas pratiques filmés, ce qui est très parlant. Son point était de présenter la rééducation comme le changement des motivations du cheval : si le cheval rue, c'est qu'il est motivé pour ça car jusqu'à maintenant, ça lui a procuré un avantage de faire ça. Donc l'objet de la rééducation est de lui montrer que son comportement ne lui permet pas d'avoir gain de cause, il va alors perdre sa motivation pour ce comportement et être davantage motivé par d'autres comportements plus souhaités par son cavalier. 

Perso, ça ne m'a pas apporté grand chose et je n'ai pas trop aimé son approche philosophique, sur les conséquences plus que sur les causes. Par contre j'ai bien aimé qu'il se présente en chantre du renforcement négatif, ce qu'il est, ce qui permet d'avoir un débat plus serein et moins connoté entre le R+ c'est trop bien et le R- c'est trop mal. J'ai bien aimé aussi qu'il précise que la désensibilisation telle qu'elle est enseignée dans sa méthode est très très proche du flooding, ce dont on ne parle pas assez je trouve. Il a eu aussi une anecdote sympa sur une étude que je ne connais pas mais qui ne m'étonne pas sur 50 chevaux KWPN non débourrés sur lesquels on applique une pression des jambes : la plupart vont tourner la tête pour sentir les jambes du cavalier, d'autres reculer ou ruer, mais aucun (ou quasi aucun) ne vont partir en avant! La preuve qu'il s'agit d'un conditionnement et pas de l'exploitation d'un réflexe de fuite. Ce dont on était tous au courant, mais c'est pas mal d'avoir cette anecdote dans les valises. 

Birgitta Mercera, respo du delphinarium du parc Asterix : Là encore une super intervention très bien préparée, pile le bon timing, slides lisibles et illustrées avec biblio, et oratrice avec beaucoup de charisme. Il s'agissait plutôt d'une présentation générale sur l'utilisation du renforcement positif dans l'éducation des animaux marins. Très intéressante, quelques concepts à fouiller pour moi comme la différence entre le "bridge" et le sifflement (ie click pour un cheval), l'utilisation de la voix (beaucoup plus que Hélène, je suis allée lui poser la question et elle l'utilise énormément pour encourager féliciter etc, évidemment seul le click donne la nourriture), le travail en groupe, et la gestion des spectacles. 

Déjeuner compris dans le prix de l'entrée, à table avec CH, SD, et d'autres dont j'ai déjà oublié le nom. Assez pour voir que le R+ est loin d'être compris, même chez des BFEE3 de la Cense!

Alain Francqueville et le choix du cheval de dressage : bon pour le sujet c'était la théorie, car son speech, bien que très bien présenté était un peu hors sujet. Déjà le bonhomme est très bon orateur, il a une grande culture équestre, et il est intéressant à écouter, même si il était un peu homme politique qui défend la fédé et la FEI sur les bords. Son propos était d'expliquer que depuis quelques décennies la psychologie du cavalier et celle du cheval sont au cœur de l'entrainement des couples de haut niveau et qu'il faut que les savoirs de l'éthologie percolent à tous les niveaux d'enseignement.

Sébastien Jaulin du Haras des Hus et le rôle de la préparation physique dans la motivation du jeune cheval : Une bonne présentation sur la forme, et intéressante sur le fond! SJ appuie bien sur le fait que les méthodes étho se focalisent sur le "vouloir" du cheval et oublient le "pouvoir" : on apprend à un cheval à se mettre sur la main comme la réponse à un code, mais on ne l'aide pas à  développer une musculature permettant de réaliser cet exercice sur la durée, et dans de bonnes conditions. Je trouve cette remarque ultra pertinente, tout à fait d'actualité, et qui va bien avec le fait que l'étho ne doit pas être une discipline, mais inclue dans les disciplines.
En moyenne, il amène un cheval de l'état 0 à l'état jeune cheval pouvant partir en formation sur 3 mois, dont une semaine à pied. Quand le cheval accepte un cavalier sur son dos, il part beaucoup en extérieur, en ligne droite, où il ne demande que le strict minimum au cheval. Puis il travaillera au trot et au galop l'endurance sur la piste de galop, en alternant avec de longue sessions de pas dans un marcheur de luxe ovale avec une longue ligne droite. Enfin, le travail en manège commence, mais si il sent que le cheval perd en impulsion et en motivation, il n'hésite pas à repartir en extérieur.  Il recommande par dessus tout de remettre les 3 ans au pré au printemps et à l'automne, et de bien gérer la nourriture, il double quasiment les rations en période de débourrage.
J'ai trouvé cette personne vraiment très chouette humainement dans son discours et sa philosophie.

Hervé Baldassari et son ingénieure INRA sur la récupération chez le cheval : exposé assez technique sur la récupération physique du cheval de sport (avec des exemples ciblés sur les chevaux d'endurance et de CSO). Assez loin de la motivation, mais très intéressant, même si la présentatrice n'était pas très bonne oratrice. On retient que les étirements après l'effort loin de diminuer les courbatures auraient plutôt tendance à aggraver les lésions musculaires, qu'il faut 1 ou 2 jours pour récupérer physiquement d'une épreuve de fond (pour reconstituer les réserves nutritionnelles), alors que 1 ou 2 heures suffisent pour éliminer les lactates d'un effort intense comme un parcours de CSO, et enfin qu'il y a un intérêt certain à travailler avec une récupération partielle. On retrouve ces réflexions dans les livres de Nancy Loving. 

Jean-Louis Schaff sur la motivation d'une cavalerie club : Exposé très intéressant, l'homme est bon orateur mais sa présentation ppt était trop chargée et manquait cruellement d'illustrations! Bref, à part ces remarques sur la forme, le fond était passionnant, il racontait le changement du tout au tout réalisé dans un club urbain du grand poitier (800 cavaliers/semaine) : ou comment diviser par 7 ou 8 le nombre d'accidents faisant se déplacer le SAMU en changeant les conditions de vie de sa cavalerie à coût constant. Avec lui, la journée se terminait sur une note très optimiste! 

Enfin, synthèse avec de nouveau Hélène Roche, tjs bien :)

Fin de la journée, achat des livres des auteurs (peut être aurait on pu provisionner quelques livres cités par les orateurs?), dédicaces & co, et discussion avec HR!

Une petite suggestion de thème pour l'an prochain : Comment construire la relation?