jeudi 16 avril 2015

Sherry, QH choyée



Il y a quelques temps je suis allée rendre visite à Sherry pour "faire un bilan à pied", exercice bien délicat. J'ai rencontré une jeune et jolie quarter, assez sure d'elle, bien éduquée, bien dans sa peau à défaut d'être ce jour-là bien dans ses sabots. C'est une jument choyée par sa propriétaire. Shiatsu, ostéo, parage naturel, amour et carottes : oncques on ne vit proprio plus attentionnée. Lucky Sherry!

Sherry a bien compris ses humains : en liberté c'est câlins et farniente, au boulot, c'est boulot sans poser de question. Éduquée en western par des pros, quand elle ne comprend pas, elle se fâche résiste et fuit avant de réfléchir. Il faut se retenir pour ne pas rentrer dans son escalade des phases. Je me rends compte que je lui demande un peu de schizophrénie, la sécurité du cheval western qui ne pense pas est-elle compatible avec le cheval acteur dans ses apprentissages que j'essaie généralement de construire? Je n'ai pas de réponse, nous avons juste essayé de ne pas dérégler la mécanique bien réglée.

Liberté. Sa proprio me montre comment se débrouille Sherry en prenant la chambrière. Sherry joue avec précision la partition que propose V avec sa grande baguette. Les demi tours se font par l'extérieur, les arrêts le nez dans le pare botte. Je ne connaissais pas ces règles et je suis déboussolée. V pose la chambrière, la jument se transforme. Câlin?! On lui demande ensuite de faire quelques exercices, et là, plus de Sherry. La liberté sans contrainte, c'est ou pour faire des câlins, ou ça n'est pas intéressant. La relation est alors un peu déséquilibrée. Sherry ne peut être davantage choyée ni mieux soignée, et en retour, pas grand chose. À sa décharge, dès qu'elle est au travail, Sherry doit tout donner sans compter. Le déséquilibre est peut être un équilibre.

Et pour terminer, retour à la douche, sherry est franchement mal à l'aise dans cet endroit étroit qui ne doit pas être connoté très positivement. Elle donne mal les pieds, elle est inquiète et têtue. Je travaille un peu au clicker, résoudre un petit problème, ça c'est dans mes cordes. Sherry est futée, et elle comprend très rapidement, je leur aurai au moins apporté ce petit ça.



3 commentaires:

suzanne a dit…

Très beau billet qui done beaucoup à réfléchir et s'applique me semble t-il à d'autres relations inter voire intra-spécifiques... J'ai déjà été confrontée à ça dans mes bilans canins et c'est très déboussolant en effet. Il n'y a pas qu'une vérité, mais certaines personnes ont le cul entre deux chaises, entre exiger une obéissance totale (que nous, professionnels à la sauce R+, n'avons pas forcément) et envier secrètement la complicité qui lie telle autre personne avec son animal, par ailleurs moins "aux boutons". Dans ce cas nous avons du mal à trouver notre place!

zaude a dit…

Exactement... :)

D'ailleurs à l'occaz, ça m'intéresserait bien de t'entendre un peu sur l'éducation canine. Je me pose pas mal de questions et je me dis que de regarder dans une autre espèce ça peut être éclairant...

suzanne a dit…

Ah ben pour ce qui est de se poser des questions quant à la place du pro canin en positif (et en milieu rural), c'est un peu le festival en ce moment de mon côté! J'avoue que par manque de disponibilité mentale (=enfants=cerveau HS), je fais un peu l'autruche pour l'instant et je gère au cas par cas, mais il y a des jours où je doute sacrément!