samedi 21 janvier 2017

Deux mondes

 
 
Cet hiver, j’ai acheté une nouvelle jument : 7 ans, de bonnes origines et à peine manipulée. Lorsque je suis allée la chercher, seule avec mon van, tout ne s’est pas franchement passé comme prévu, mais je pense que la jument n’est pas traumatisée et que par chance, personne ne s’est fait mal. 

Je suis une amateure. Je ne suis pas une professionnelle, je n’ai pas de diplôme et le travail des chevaux n’est pas ma première source de revenus. Pourtant depuis une dizaine d’années, je travaille des chevaux tous les jours. En moyenne un cheval par jour, pas 6 ou 7, et surtout souvent la même. Des moniteurs m’ont parfois demandé de donner des « cours d’étho » dans leurs clubs, de les aider pour travailler des chevaux compliqués à attraper ou à faire monter dans le van. J’ai eu la chance de travailler régulièrement des chevaux de particuliers et de beaucoup apprendre avec eux. Je ne suis pas une professionnelle, mais j’ai un peu d’expérience. 

Le lendemain, j’étais au téléphone avec une amie. Cavalière amateur d’un bien meilleur niveau que le mien, diplômée du monitorat, elle ne travaille plus au quotidien avec les chevaux. On ne s’est pas rencontrées en pantalon d’équitation, et l’on discute habituellement de boulot, de politique, de marketing, de psychologie... De tout, mais pas de cheval. Dans l’enthousiasme de ma nouvelle acquisition, j’ai fait la bêtise de lui raconter mes aventures. Alors elle était inquiète pour moi, très inquiète. J’étais totalement déraisonnable, j’avais eu de la chance jusqu’à maintenant, les chevaux sont si gentils et pardonnent tant, mais j’étais totalement inconsciente des dangers que je courrais. Il fallait, il aurait fallu, il faudrait que je m’entoure de professionnels. 

Touchée, vexée, déçue, j’ai écouté bouche bée, et je n’ai même pas cherché à argumenter : j’avais l’impression de me faire engueuler par ma mère, chose qui n’a pas du arriver depuis au moins vingt ans. 

Beaucoup de professionnels ont du mal à reconnaître des compétences aux amateurs. Beaucoup sont des cavaliers qui n’ont pas appris à travailler les chevaux à pied, et dans leur monde il n'est pas possible qu’un cavalier soit un médiocre pilote mais un bon éducateur. Il y aurait tant de représentations à déconstruire... 
 
Quelques heures de téléphone avec une bonne amie m’ont permis de voir dans cet échange l’inquiétude sincère plutôt que la condescendance de celui qui vit dans le monde des pros sur celui qui vit dans le monde des amateurs.

3 commentaires:

suzanne a dit…

Merci pour ton point de vue très intéressant, et bienvenue à la belle Amalhia! Je me demandais ce que tu nous mijotais... :) Quand je vois la qualité du boulot de désensib' que tu fais, je ne me fais pas trop de souci pour vous! Comment ça se passe entre les deux? Tu comptes les mettre ensemble?

zaude a dit…

Pour le moment elles sont chacune dans leur pré car j'ai mis une balle de foin à Amalhia et Néli ne peut pas en avoir... Je les mettrai ensemble quand l'hiver commencera à tirer sa révérence :-)

Marthounette a dit…

Je suis contente que ça se passe bien avec ta nouvelle jument, franchement vu le niveau que t'as à pied, ça ne m'inquiète pas du tout, tu auras la complicité pour, pour moi un cheval ça ne marche pas qu'avec la technique-monter à cheval, il y a une énorme part de travail de complicité qui va faire que le cheval aura confiance en toi et que monté ça ira beaucoup mieux, elle n'aura pas peur et assez de respect pour toi pour pas vouloir te virer!