samedi 5 octobre 2019

De la chance


Aujourd’hui, j’ai eu la chance d’assister au clinic de Luca Moneta au haras de la Cense. Un italien très (trop ?) italien qui a appris à Michel Robert les bases de l’équitation éthologique, et à qui Michel Robert a appris les bases de la biomécanique et de l’équitation de haut niveau.

D’ailleurs Luca ressemble physiquement à Michel, ou alors c’est l’inverse!

Le premier jour : dans le rond de longe

Dans le rond de longe Luca demande aux cavaliers d’oublier ce qu’ils savent : pour cet exercice il ne veut pas voir d’équitation éthologique avec des codes que l’on enseigne au cheval, il veut du « parler cheval ». Il demande au cavalier de dire « tu bouges de là !» en utilisant ses déplacements, puis en bougeant vite et en surprenant le cheval si besoin. Le premier objectif c’est d’apprendre au cheval à réagir aussi vite et aussi fort avec nous qu’il le ferait avec un autre cheval au pré. Et ensuite, quand le cheval répond vite, de rechercher de la décontraction. D’abord un peu plus lent, et ensuite plus rapide.
Ce travail m’a beaucoup fait penser à celui de Frédéric Pignon. Mais aujourd’hui je suis davantage gênée de voir des chevaux rester assez longtemps dans le rouge émotionnellement. Luca Moneta dit qu’on peut évidemment y arriver autrement, façon de dire qu’il ne vend pas de méthode, que lui fait comme ça, et que ça marche pour lui. Tout le monde n’est pas Luca mais l’objectif du cheval qui est réactif et décontracté, dans une attitude active et vers le bas fait le consensus.
Ensuite pour les chevaux qui ont compris le premier exercice, un peu de travail à l’obstacle. Luca Moneta travaille d’ailleurs tous ses chevaux à l’obstacle en liberté sur des hauteurs et des difficultés semblables à celles rencontrées en concours. Pour lui le cheval doit savoir faire seul, le cavalier a ensuite comme rôle de gêner le moins possible. La procédure est la même pour une barre au sol, un bidet ou une barre à 80 cm. Le cheval a le droit de ne pas sauter : c’est une chance pour le cavalier de lui apprendre à avoir envie de sauter. Donc si le cheval pile ou dérobe, on lui fait faire demi-tour, et on le renvoie vers l’embûche. On ne coince pas le cheval pour qu’il passe : il a la possibilité de ne pas passer. S’il ne passe pas, ça n’est pas grave : demi-tour et on revient, dans le calme, et on attend, on laisse faire, on laisse choisir, on donne la confiance, une chance d’apprendre. J’ai été impressionnée de la grande confiance que Luca Moneta donne au cheval. Il lui laisse vraiment la possibilité de ne pas faire, beaucoup plus que ce que j’avais appris de la méthode La Cense.

Certains cavaliers montent ensuite en selle avec interdiction de toucher aux rênes : c’est Luca Moneta qui mène depuis le sol : on comprend alors bien l’objectif du premier exercice. L’italien fait travailler l’équilibre des cavaliers : en avant, les mains entre le garrot et les oreilles  en appui sur l’encolure, et la jambe mobile. La jambe avance si le cavalier est déséquilibré en avant, recule si le cavalier est déséquilibré en arrière. Les cavaliers s’équilibrent, leurs chevaux aussi : très éloquent.

Le deuxième jour, ça saute.

Ce que je retiens avant tout c’est que c’est normal que le cheval s’arrête à l’obstacle quand il apprend : c’est une chance, c’est parfait, c’est une occasion d’apprendre : il faut sourire ! Et ça n’empêche pas les chevaux de tourner ensuite sur 160 sans s’arrêter. Bien bien !
Pour commencer, Luca Moneta monte à cheval pour nous montrer les bases du travail à cheval : d’abord un cheval qui répond à la rêne d’ouverture pour faire demi-tour face à la barrière. Si le cheval ne répond pas, le cavalier ne tire pas : il s’aide en poussant avec le stick vers la tête. Puis il ajoute la jambe isolée, et il demande un peu plus fort pour avoir un peu de marche arrière. Il panache le travail avec des départs forts au galop, en conservant un équilibre très en avant pour ne jamais gêner le cheval. Si le cheval ne répond pas, il vient pousser avec la badine : ne jamais tirer, ne jamais s’opposer au mouvement. On verra avec le deuxième groupe un travail sur l’incurvation et l’élargissement du cercle à la d’Orgeix pour amener le cheval à s’étendre. Et avec le troisième groupe un travail sur le tout petit galop : le cheval est autonome, il le laisse aller à la faute. Quand il rompt le galop pour le trot, Luca redemande gentiment le galop, et il attend. Jusqu’à ce que le cheval se porte et s’arrondisse dans un joli galop léger et très cadencé, avec le dos en place.
Puis c’est le moment de faire sauter les élèves Le rôle du cavalier : la direction, la vitesse, monter le galop. Le rôle du cheval : être attentif et sauter. Sur des barres au sol les chevaux doivent galoper, ils ne doivent pas sauter les barres au sol. Il faut venir doucement, et si le cavalier craint de manquer de contrôle, il arrête le cheval le nez dans la barrière, sans tirer. On sourit et on repart. Ensuite ce sont directement de vrais obstacles à 80 cm. Si le cheval pile : demi-tour, la chance : on redemande de l’activité loin de l’obstacle et on revient vers l’obstacle en laissant faire. Si le cheval dérobe, ce n’est pas bien. Demi-tour vers l’obstacle. Si la réaction devient une défense, le cheval qui dérobe a l’option de faire 4 ou 5 spin avant de réessayer (nous n’avons pas vu cette situation en pratique). Et si le cheval s’accule loin des barres ? La priorité c’est le mouvement en avant. Rêne d’ouverture, demi-tour et en avant, fort. Demi-tour de nouveau, et en avant fort. Et encore une fois. Et le cavalier part sur l’obstacle en laissant sa chance au cheval. La confiance se gagne en se donnant.

Trois leçons

  • ·       Une leçon de travail du cheval : sourire, rien n’est grave le cheval est là pour apprendre, il a le droit de se tromper, c’est une chance de lui apprendre la bonne réponse !
  •      Une leçon d’équitation : on ne monte pas en arrière comme à la guerre, on monte en avant, avec son cheval. 
  •      Une leçon de pédagogie : il n’y a pas de vérité, ton seul moniteur c’est ton cheval. Si on te recommande quelque chose : essaie et tu verras bien ce que ton cheval te dit !

Empowerment

Ce qui est le plus impressionnant, c’est qu’à la sortie du stage, chacun.e se sent capable. Les erreurs sont dédramatisées, les cavalier.e.s motivé.e.s à bloc…
Merci Luca Moneta pour cette générosité !
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