samedi 13 juillet 2013

Respect et contrat de cohabitation

Définition du Larousse : 
Respect (n.m.) : 
Sentiment de considération envers quelqu'un, 
et qui porte à le traiter avec des égards particuliers ; 
manifestations de ces égard.  

C'est un terme un peu galvaudé en "étho" où il signifie souvent les égards que notre cheval devrait manifester vis-à-vis de nous : 
  • Ne pas se frotter à nous pour se virer les mouches
  • Ne pas nous marcher sur les pieds
  • Ne pas tirer sur la longe pour avancer plus vite que nous
  • Et puis surement plein d'autres petits points.... 
En fait, il s'agit plus des règles d'un contrat tacite de vie à 2 plutôt que d'avoir des égards envers nous car on aurait un statut particulier, Homme, Dominant ou Leader...  Donc qui dit contrat dit règles qui peuvent/doivent être apprises, per se. Et ensuite, il ne s'agit plus de respect dans le vague, mais de respect de certaines règles qui sont connues par les 2 parties. Là, une petite remarque, qui dit contrat dit engagement des deux parties, et si on explicite facilement les devoirs du cheval, il ne faudrait pas oublier, of course, ceux du piéton.

En général, on n'est pas conscient de l'existence d'un contrat, on ne s'en rend compte que lorsqu'il y a des ruptures du contrat, exactement comme pour le contrat didactique discuté par Brousseau. Le début d'une relation avec un cheval passe donc par la mise en place de ces règles, et pour que ça soit le plus efficace possible, il faut les avoir toutes explicitées, et les enseigner une par une. On ne peut pas engueuler un cheval pour ne pas avoir respecté une règle qu'il ne connaissait pas! 

Comment enseigner ces règles? 
Plusieurs approches sont possibles, punition positive, renforcement négatif, renforcement positif, l'essentiel étant que le cheval comprenne ces règles et qu'elles soient toujours les mêmes (aujourd'hui tu n'as pas le droit de brouter, mais demain quand je discuterai, tu pourras brouter). 

Je choisis quoi comme contrat de base?
Quand on enseigne l'étho (ou que l'on initie quelqu'un), on commence en fait par expliciter et enseigner un contrat.

Alors, alors, les devoirs du cheval, de mon point de vue (je préviens, c'est un premier jet et c'est amené à évoluer, au moins pour l'ordre des items) :
  1. Ne pas me monter dessus : je demande une zone de l'ordre de la longueur de mes bras dans laquelle le cheval ne rentre pas. C'est moi qui fait le dernier pas pour réduire cette distance.
    Corollaire 1 : ne pas mordre, ne pas taper, ne pas me menacer
    Corollaire 2 : Reculer et décaler l'épaule sur demande
  2. Rester à l'écoute quand on est en situation de communication 
  3. Garder la tête loin de moi pour recevoir une friandise
  4. Ne pas me dépasser en main 
Et les devoirs du cavalier :
  1. Ne pas demander l'attention du cheval quand soi-même on fait autre chose
  2. Demander au cheval uniquement des choses dont il est capable, facilement
  3. Être cohérent dans ses demandes (ne pas changer de contrat d'un jour sur l'autre) 
  4. Ne jamais se fâcher ni crier. 
Comment je fais avec un gentil cheval dans un pré ? 
Note pour les ennuyeurs : beaucoup de chemins mènent à Rome... Actuellement, je pense que je fais comme suit, en moyenne :
  1. Je demande une relative immobilité à 1m de moi, actions brèves sur la longe si la tête fonce dans l'herbe, longe détendue sinon. Dès que le cheval attend un peu sous contrat, code de relâche : ou pression sur la longe pour descendre la tête (même si à ce stade ça ne fait pas sens pour lui) ou je m'éloigne d'un pas en tournant le dos, et je laisse brouter. 
  2. Quand ça devient facile, je passe progressivement de quelques secondes à une dizaine de secondes d'attention, puis je commence à demander des déplacement des hanches, et à solliciter le regard. Je récompense régulièrement en libérant le cheval (je me tourne et je le laisse vaquer à 1m de moi)
  3. Ensuite j'apprends au contact ou à distance, en face ou à côté, selon la personnalité du cheval, à reculer d'un pas et à décaler ses épaules.
  4. Enfin, on commence à marcher ensemble en gardant 1 bon mètre d'écart, en intégrant des arrêts suivis d'un reculé. Et en libérant régulièrement pour que le cheval se repose mentalement.  
Et là, ça fait déjà une bonne séance pour un début! Ensuite (autre séance), en général je regarde où on en est des désensibilisations, des soins quotidiens (pieds, oreilles, douche, montoir, mise du licol/filet... ), et puis en général, à ce moment, on a déjà pas mal de pistes pour la suite du travail!

Avec un cheval compliqué, ça dépend des instals, de si il y a un box, de si le cheval est licolable etc... 

6 commentaires:

Unknown a dit…

C'est marrant, il y a plein de "devoirs" du cheval que je trouve abusifs.
Abusifs, et surtout, pas en accord avec l'équitation "volonté et implication du cheval centrée" que tu sembles prôner.

Déjà, à mon sens, tu ne peux pas exiger la concentration du cheval. C'est à toi de l'accaparer, pas à lui de te la fournir.

Ensuite, pour ma part, les oreilles couchées et autres manifestations d'humeur, d'inconfort, ou que sais-je sont tolérées et largement prises en compte. Retirer ce moyen d'expression, c'est dire au cheval "ta gueules et souris" (je grossi le trait volontairement).

Rentrer dans la bulle, venir au contact... Pour moi aussi c'est autorisé. Je veux juste pouvoir décider de si j'ai envie de ça ou non, et être certain que je peux faire sortir le cheval de ma bulle d'un geste.

zaude a dit…

j'aime le côté "agressif" de tes interventions...??!

Je pense qu'avoir un canal de communication qui fonctionne dans les deux sens est une bien meilleure source de sécurité que de chasser. Ensuite, oui, j'exige de l'attention, et je remercie le cheval pour ces périodes d'attention par des périodes où il fait ce qu'il veut, surtout en début de relation, quand il s'agit d'amorcer la communication. En tous cas je ne trouve pas de contradiction avec ce que je dis ailleurs, je pense que dans une approche en R+ exclusive ça se fait différemment avec du targetting par exemple.
Comme dans beaucoup de choses il y a plusieurs approches possibles, il s'agissait pour moi de détailler la mienne, quid est. Disons que cette partie est très inspirée de Pignon, on aime ou pas, moi j'aime bien.

Les oreilles couchées sont prises en compte :
Si je bosse un entier dangereux, non, je ne vais pas accepter la moindre menace. J'ai bossé avec 2 entiers "dangereux" (ils ont tous deux envoyé leur "soigneur" à l'hosto), et dans ces situations, je n'ai pas envie de me mettre en danger. Maintenant dans la vie de tous les jours et avec un cheval "normal", je prends ça comme un signe d'un inconfort, de quelque chose qui ne va pas, et je cherche la cause.

Rentrer dans la bulle : chacun son contrat, ce que tu dis ne me choque pas non plus, mais ça n'est pas mon contrat. Il y a des gens qui veulent qu'on se déchausse pour monter à l'étage chez eux, d'autres non. Moi ça ça fait partie de mon contrat de départ avec un cheval que je découvre, on n'a pas gardé les poules ensemble, et je préfère ça comme ça. Ensuite, ça évolue doucement si besoin, comme dans tout couple.

Unknown a dit…

Pardon si tu te sens agressée...
C'est vrai que tu ne demande pas d'avis.
Joyeuse continuation, donc.

zaude a dit…

Disons que
que tu sembles prôner.

c'est assez connoté...

Pour le reste, j'apprécie de lire des avis, encore plus de découvrir des pratiques différentes des miennes, mais c'est un peu chez moi, et je n'ai pas envie de grandes controverses où l'on défend son bout de gras comme sur les forums.

Au plaisir de te lire si tu as envie d'expliciter ta réflexion en lien avec ce que je dis, de me raconter comment tu gères telle ou telle situation, mais sans agressivité (le mot n'est peut être pas le plus exact, mais c'est un peu ce que j'ai ressenti) c'est plus agréable :)

Riderwhatelse a dit…

Article intéressant ;-)
Qu'est-ce que tu entends par punition positive?

zaude a dit…

En fait ce sont les termes du conditionnement opérant (skinner)
ex simpliste : tu veux qu'un gamin fasse ses devoirs :


punition positive = il ne les a pas fait quand tu rentres, tu lui cries dessus ou tu lui donnes une fessée : tu ajoutes (+) qqch de désagréable

punition négative = il ne les a pas fait quand tu rentres, il est privé de gameboy : tu enlèves (-) qqch dont il a envie


Renforcement positif :
tu lui donnes 1€ à chaque fois qu'il fait ses devoirs (ou autre chose qu'il désire)


Renforcement négatif : tu râles (qqch de désagréable qu'il souhaite que tu arrêtes) jusqu'à ce qu'il ouvre un cahier

bon, c'est simpliste et caricatural ;)