lundi 10 juin 2013

Et après le clicker...

Petit clicker et carottes pour récompenser

Ce WE, nous étions en stage avec Hélène Roche et c'était très intéressant, tant du point de vue de la technique pure que du point de vue éthique et presque philosophique de la relation à l'animal.  À la sortie de ce stage où j'ai appris énormément de choses, des questionnements germent... En particulier, je me pose la question de la pertinence du travail à la nourriture sur certains points, et je me demande donc comment aller plus loin.

Ainsi, j'ai été totalement convaincue de l'utilité du renforcement positif au clicker, et donc à la nourriture/grattouilles (même si je pense plutôt en général combiner un peu de R- que je maîtrise davantage à la philosophie du R+ et à l'outil clicker) pour faire comprendre à un cheval ce qu'on attend de lui, quelques exemples :
  • Monter sur une plateforme
  • Pas espagnol
  • Attraper une cible
  • Prendre le filet
  • Comprendre l'épaule en dedans
  • Comprendre le départ au galop sur le bon pied
  • Et toute ces choses là... :)
Je trouve que c'est intéressant dans le travail sur la peur, même si finalement on n'a pas eu le temps de discuter autour de ça (différence par rapport à la désensibilisation, fait qu'on n'efface jamais une peur cf étude reportée dans le livre de JC ameisen, etc)
Ex :
  • traverser une bâche
  • Monter sur un piédestal qui fait peur
  • Avancer vers une pierre qui fait peur
Je pense que c'est aussi intéressant dans la préparation au travail physique,  même si ça me pose un peu question quand même.
  • Renforcer quelque chose de facile après avoir demandé un effort physique pour conserver la motivation (ex la cible à hauteur de tête après la cible en arrière pour la révérence)
  • Renforcer après 1s puis 2s puis 5s etc pour augmenter la tolérance à l'effort
Enfin, ça me pose beaucoup question quand il s'agit de demander au cheval quelque chose qu'il a compris mais qu'il ne veut pas faire. L'exemple le plus marquant c'est évidemment le transport. Un bon contre exemple serait les soins, mais j'ai l'impression que les chevaux tolèrent mieux une douleur raisonnable que les angoisses de la séparation, de la claustrophobie, du changement de lieu et toute ces choses là. Je pense effectivement que la psychologie behavioriste qui pose la question de la motivation pose la bonne question, mais je ne suis pas persuadée que l'envie de friandise puisse dépasser ces besoins de sécurité. Et là, ça me ramène
  1. aux réflexions de Frédéric,
    (sur le fait que la nourriture sera toujours moins intéressante pour le cheval que la sécurité, et en particulier, hier soir, Néli était tellement désemparée par le départ de Naka qu'elle ne voulait pas vraiment manger, ni l'herbe ni le grain. Donc on peut conclure que le CT fonctionne avec des animaux aux besoins primaires satisfaits, mais ça ne répond pas à toutes les problématiques)
  2. et à l'expérience sur les rats que nous a décrite HR :
Prenez un rat dans une cage qui peut donner des décharges électriques. Si vous synchronisez l'apparition des décharges avec un flash lumineux et qu'il n'y a aucun moyen d'échapper à la décharge, les animaux finissent par "l'accepter" (je ne sais pas si c'est le terme utilisé par HR ni par les scientifiques), par contre, si l'évenement n'est pas prévisible (totalement décorrélés avec le flash), les animaux deviennent "fous" (prostration et learned helpness ou auto-mutilation).

Ce qui m'amène les questions suivantes :
  1. Comment construire une relation qui amène à satisfaire le besoin de sécurité
  2. Est ce que forcer l'embarquement (par exemple gentiment avec les cordes croisées derrière la croupe comme on l'a fait hier pour Naka) pour le rendre inévitable, en mettant en place un rituel qui annonce l’événement comme le flash dans l'expérience des rats (protecs de transport par exemple), permettrait que le cheval accepte l'événement sans trop de fracas les fois suivantes?
Voilà l'état de mon questionnement actuel, je suis retournée voir l'échelle des besoins de Marlow, déjà je ne suis pas sure qu'elle soit totalement vraie pour l'homme, mais je sais encore moins si elle a été étudiée sur le cheval.
  • La sécurité semble passer après la nourriture, et il n'est évidemment pas éthique d'affamer son cheval pour lui faire acquérir des comportements, d'autant plus que, si mes souvenirs sont bons, Karen Pryor cite une étude qui montre que des animaux affamés n'apprennent pas mieux en R+ que des animaux dont les besoins physiologiques sont satisfaits. 
  • Où se situe la friandise sur une telle échelle? 
  • Comment (sur quel type d'étude) construit-on une telle échelle? 


3 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai utilisé le clicker pour apprendre à pousser le ballon, apprendre la jambette ... des exercices fixes avec des cibles précises. Mais je reste toujours intriguée sur l'utilisation du clicker avec un cheval en mouvement. A quel moment cliquer, quand récompenser le cheval ? Par exemple, peut-on utiliser cette méthode pour un apprentissage du galop ... car lorsque je "click" = récompense, donc le mouvement en avant cesse. Il semble y avoir des limites à une utilisation exclusive du clicker dans les séances de travail, mais peut-être pourras-tu me répondre par rapport à cela.

zaude a dit…

Bonjour!

Actuellement je reprends l'envoyer sur le cercle avec le clicker (l'apprentissage en mode la cense fait que ma jument le fait très bien, mais en grinchant un peu), du coup pour le moment je clique quand elle s'éloigne, et je la rejoins pour récompenser. Et là, maintenant j'en suis à cliquer au bout de 4-5 pas sur le cercle. C'est assez long, mais elle a de nouveau les bananes en avant sur cet exo.

Je pense que le livre d'Hélène qui va bientôt sortir donnera plus de clés...
Moi ça ne me dérange pas d'arrêter le mouvement pour récompenser, à cheval je travaille beaucoup comme ça, je ne récompense pas avec de la friandise, donc je suis plus en R-, mais très très souvent je lâche tout et je laisse la jument faire ce qu'elle veut, voir s'arrêter.

Ensuite, j'ai un code vocal ("bien, encore") qui l'encourage quand elle est sur la bonne voie mais que je ne vais pas récompenser tout de suite, et puis enfin, je suis encore loin d'être passée au tout R+, surtout à cheval. Je suis plus dans du R- d'où j'essaie d'enlever toute frustration de ma part, et d'être beaucoup plus à son écoute et dans le compromis...

À suivre....! :)

Unknown a dit…

Comme dit par zaude si on instaure un code pour dire au cheval de continuer c'est super efficace! :) J'ai crée un blod dédié au clicker: clickersoncheval.over-blog.com
N'hésitez pas à faire un tour pour plus d'infos