lundi 24 décembre 2012

Parler, c'est pas naturel...

Quand on commence à apprendre la méthode Parelli (que ça soit avec la Cense ou avec Parelli), l'une des premières choses qu'on y apprend, c'est : tais-toi. 

Pourquoi donc?

  • Une première grille de lecture consiste à dire que parler ça n'est pas naturel, alors qu'utiliser son langage corporel c'est naturel pour le cheval.
  • La seconde grille de lecture consiste à dire que l'on parle sans ce rendre de ce que l'on dit, ni surtout se rendre compte de notre langage corporel qui souvent dit le contraire de ce que notre langage dit. 

Le langage corporel c'est naturel pour le cheval 
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Dans ce débat il s'agit de retourner aux sources de l'apprentissage de la communication. L'homme est un animal de communication par excellence, et pourtant communiquer n'est pas inné comme l'ont montré les psychologues. Pleurer au départ n'a pas de sens pour le bébé qui pleure, il exprime juste un inconfort ; c'est parce que sa mère vient le chercher à chaque fois qu'il pleure et diminue cet inconfort que le bébé apprend à dresser ses parents en pleurant (je pleure jusqu'à ce que tu viennes me chercher) et à exprimer avec un but son inconfort. De la même manière, lorsque le bébé tend le bras pour essayer d'attraper un objet hors de sa portée, il tend juste le bras. Quand plusieurs fois un adulte attrape l'objet en question et le lui donne, alors il apprend que ce geste peut permettre de communiquer pour dire : donne moi ce que je n'arrive pas à attraper. Par la suite, le langage verbal plus riche supplée (au moins consciemment) notre langage corporel. 
Chez le poulain, c'est la même chose. Il ne sait pas d'instinct que quand sa mère couche les oreilles il a intérêt à filer droit, il l'apprend. Donc ça n'a rien d'inné. Le cheval dans la nature apprend surtout un langage corporel, c'est vrai, il sait cependant reconnaître différents types de hennissement et certains bruits comme celui de la voiture qui amène le picotin. Il a donc aussi appris à associer à certains sons/bruits/ensemble de sons un sens, et à émettre aussi des sons chargés de sens. Il communique donc aussi par la voie des sons sans que l'homme n'ait introduit son propre langage verbal. 

Le cheval répond-il sans apprentissage à mon langage corporel? Surement pas, le cheval, et nous même apprenons à communiquer par essai/erreur, confort/inconfort. 
Ce qui est sur, c'est qu'il est beaucoup plus attentif à ce que signifie notre langage non-verbal inconscient  qui exprime à notre corps défendant colère, frustration, peur, non-détermination... Et nous taire, c'est l'occasion rêvée d'apprendre pour nous même à reconnaitre et maitriser notre langage non verbal. Pour le cheval, ça n'est absolument pas une nécessité, il est aussi bien capable d'apprendre des mots que des gestes. Les gestes sont peut être plus visibles, moins subtils, et donc plus simple à apprendre. Cependant, les mots comme oui, bien, tiens, encore sont appris très rapidement, le ton est très vite compris comme porteur de sens aussi, alors pourquoi s'en priver? 

De très grands dresseurs travaillent beaucoup avec la voix (JM Imbert a un spectacle entier où il n'utilise que la voix, F. Pignon parle beaucoup à ses chevaux...), et je pense que les personnes qui disent à leurs élèves qu'utiliser la voix, c'est pas naturel, n'ont pas compris grand chose aux fondements de la méthode qu'ils utilisent. Par contre, je peux tout à fait comprendre que pour un certain temps, on conseille à son élève de ne pas utiliser la voix pour apprendre à mieux maîtriser cet outil qu'est le langage corporel....

1 commentaire:

Indiana colette a dit…

Article intéressant! Mais je trouve que c'est dommage de se passer de la voix sous prétexte que le cheval communique beaucoup par langage corporel. Qui croit encore que le cheval nous prend pour...un cheval? Dans le dressage du chien, l'usage de la voix est important, pourtant les chiens communiquent aussi beaucoup par attitudes corporelles (position du corps, mimiques..) que nous n'essayons pas de copier systématiquement. L'usage de la voix permet d'utiliser une aide "douce" qui préserve le mauvais usage des autres (la main, la jambe, le corps), renforce, accompagne, encourage et rassure le cheval qui aura appris que son cavalier lui parle.